no time for emotion (ada&leo)

Les journées se ressemblaient, les tâches administratives et les sollicitations des habitants avaient réussi à me prendre tout mon temps. En effet, j'appréciais particulièrement que la population m'ait choisi, moi et pas un autre, mais mine de rien, ce n'était pas un travail de tout repos. Je relisais certaines lettres posées sur mon bureau, demandes d’événements, proposition de CV, désaccords entre voisins, des tas d'histoires que je ne pouvais même pas régler car ce n'était pas de mon ressort. Ce qui me surprenait le plus, c'était les lettres d'admiratrices dira-t-on, j'en recevais chaque semaine, pour me dire à quel point j'étais élégant, charmant, beau, alors que je n'étais rien de plus que le Maire. Juste le Maire. Ça me faisait toujours un peu rire, je m'amusais à les relire juste pour m'amuser. Elles étaient toujours diverses et variées, de vieilles dames -beurk-, des femmes dont je connaissais les maris (car elles avaient la présence d'esprit de signer de leurs véritables noms, sans penser une seconde que je pourrais tout à fait ruiner leurs mariages) ou encore des adolescentes de l'âge d'Elia, et je pense bien que c'était certainement ça le pire. Qui voudrait d'un vieux dans son lit alors qu'elle pourrait avoir le mannequin du coin ? Fort heureusement, je ne recevais pas une tonne de lettres par semaine, une ou deux me suffisaient amplement, et réussissaient tout de même à me flatter dans mon égo.

N'as-tu pas oublier que nous dînions chez mes parents ce soir ? Je t'embrasse. Lana.

Les parents de Lana étaient quelques peu envahissants, toujours à se mêler de tout, allant de l'éducation de nos enfants, jusqu'au choix de notre destination de vacances, ou encore parfois notre vie sexuelle. Ils n'avaient aucune gêne quant à en parler devant Elia et Ezio, comme si c'était naturel d'évoquer ce genre de discussions devant une adolescente en mal d'amour et d'un gamin de huit ans qui s'interrogerait sûrement sur des mots tels que sexe, vie de couple, amour, alors qu'ils avaient bien d'autres choses à penser. Pour dire vrai, ça ne m'enchantait guère d'aller dîner chez eux ce soir, ils chercheraient encore à me demander des services vu que je suis le Maire, et même s'ils étaient mes beaux parents, je n'avais aucune envie de leur donner des privilèges. Je jetais un regard sur ma montre, dix huit heures trente. Le dîner était à vingt heures, j'avais largement le temps de rentrer, pas assez pour me préparer psychologiquement.

Je serai là à 19H. Encore quelques trucs à régler. Leo.

Je n'avais rien du tout à régler, mais je n'avais ni l'envie ni le besoin de voir ma femme immédiatement. Ada ne devait pas avoir fini son travail car elle n'était pas venue me saluer, donc je n'avais aucunes raisons de partir avant elle. Il était temps de boire un petit verre avant d'affronter ma famille, donc je me servais un verre de rhum ambré tout droit venu des Antilles et m'affalait dans mon fauteuil qui était d'un confort sans nom, indescriptible. Quelqu'un frappa à la porte quelques minutes plus tard, juste le temps de me redresser.
- Entrez !
Ada franchit la porte, je n'affichais aucune expression sur mon visage, mais voir son air rayonnant me contentait dans l'idée de ne pas être parti plus tôt.
- Que me vaut cette visite ? Vous avez terminé votre travail ?
J'avais pris l'habitude de la vouvoyer quand la porte était encore ouverte, même à peine. Je ne voulais absolument pas lui causer d'ennuis, et encore moins être au cœur d'un scandale pour adultère, ce n'était pas dans mes projets de vie, pas avec la réputation d'homme parfait qui me suivait.
- Fermez la porte.
Lui dis-je, sur un ton faussement autoritaire. Mon regard se posait sur elle, examinant ses courbes de la plus grande attention, ses cuisses, ses hanches, sa poitrine, puis son visage et ses yeux étincelants. Je ne mis pas longtemps à me lever de mon fauteuil pour m’asseoir à moitié sur mon bureau et attendre qu'elle me rejoigne. Dix huit heures quarante cinq, suffisamment de temps pour profiter un peu de son agréable compagnie.